A l'ombre du Mont Kénia

 


Auteur : Thomas Dinesen
Traduction : Traduit du danois par Jacques Privat
Titre original : Tanne. Min søster Karen Blixen, 1974.
1ère édition : juin 2002
ISBN : 978-2-88329-056-3
Format : 13,5 x 21
Pages : 160
Prix : 19.00 €

Résumé du livre : Thomas, le frère de Karen Blixen, trace ici un portrait de sa sœur bien loin de l’image hollywoodienne. A travers ces correspondances, on découvre une femme hors du commun, d’une richesse infinie et même fortement francophile qui, malgré toutes les tragédies de sa vie – le suicide de son père chéri quand elle avait 10 ans, un amour malheureux, une grave atteinte de syphilis, un divorce, des difficultés financières insurmontables – déborde d’idées et de projets. Etouffant dans son petit Danemark victorien et guindé, elle crée son propre paradis « Mbogani » au Kenya. L’Afrique, son autre patrie, où elle a trouvé la liberté, la paix et l’harmonie, lui permettra de prendre conscience que la véritable et la plus grande passion de son existence a été l’amour pour son « frère noir ».

Extrait : « Pour finir, je voudrais écrire quelques mots sur moi-même. Je crois que tu avais raison, c’était une bonne chose que je reparte – ce qui veut dire que je comptais faire mon avenir ici, car j’étais bien obligée de partir. J’appartiens à ce pays et je dois donc être là. Ce pays possède aussi beaucoup, peut-être la plus grande partie de mon cœur. Je dois m’habituer à la solitude et à d’autres choses. Ce qui, principalement, m’avait retenue chez nous, c’est de ne pas avoir de shauries, des doutes et des complications ; mais d’une certaine façon, être enveloppée dans du coton est quelque chose qui malgré tout ne me convient pas… Le vent souffle des plaines d’Athi, et les hyènes hurlent tout près d’ici. Maintenant que la pluie a cessé, le vert domine, la forêt embaume, tout comme les champs de maïs. La lune se lève très basse, derrière les caféiers. Il y a de gros nuages couvrant presque tout le ciel – tu te rappelles sûrement de la nuit africaine… »

Presse : […] Les précieux souvenirs de son frère Thomas, qui l’a vue aussi bien au Danemark qu’au Kenya, nous apprennent que, dès 1907 (elle avait alors vingt-deux ans), elle avait publié trois récits et qu’en 1930 elle avait écrit deux des contes des Seven Gothic Tales, que toujours elle avait eu besoin d’écrire et avait rêvé de devenir un écrivain célèbre. C’était une « maladie de famille » comme chez les Mitford : la sœur de Karen écrivait, et aussi son frère Thomas. Mais seule Karen a réalisé son rêve de célébrité.
Les souvenirs de Thomas Dinesen donnent de Karen qu’il appelle Tanne une vraie image toute différente de celle que les Etats-Unis et le monde parisien ont contribué à former : un personnage légendaire, pharaonne sans pharaon, à la fois Shéhérazade et Sémiramis. Il insiste sur son courage et son obstination, « sa façon drastique d’arriver à ses fins, de faire plier les gens devant ses propres désirs et exigences ». Il révèle aussi que sa sœur ne confondait pas sexualité et amour. Le plaisir, oui, elle l’avait pratiqué, mais cela n’avait rien à faire avec l’amour. « Ah, oui, répondit Tanne en souriant, nous parlons bien des plaisirs physiques et corporels, mais les plaisirs procurés par l’érotisme sont spirituels ! » Cette remarque est capitale si nous voulons comprendre le « climat » de certains des Contes d’hiver, des Chevaux fantômes ou d’Ombres sur la prairie.

Marcel Schneider
Figaro Littéraire, 4 juillet 2005